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samedi 30 janvier 2016

DECES DE JACQUES RIVETTE (LA BELLE NOISEUSE)

Né à Rouen, le 1er mars 1928, JACQUES RIVETTE est décédé.

Des jeunes turcs de la bande des quatre qu’il formait, quand ils avaient vingt ans, avec Jean-Luc Godard, François Truffaut et Claude Chabrol, il était, de loin, le plus secret. Jacques Rivette est mort le vendredi 29 janvier à l’âge de 87 ans et le mystère qu’il emporte dans sa tombe est aussi vaste que celui qui continue de nimber sa filmographie. Trente films au total, réalisés en un demi-siècle, de 1949 à 2009, entre lesquels courent des passerelles souterraines, des systèmes d’échos cryptés, dont l’ensemble constitue un formidable jeu de piste et un terreau poétique fertile. Critique aux Cahiers du cinéma à partir de 1952, rédacteur en chef de la revue de 1963 à 1965, Jacques Rivette laisse aussi de grands textes critiques et plus largement un héritage, qui reste déterminant dans l’appréhension de la modernité cinématographique.



Du très expérimental Out 1, variation improvisée sur L’Histoire des Treize de Balzac en huit épisodes (12h40 au total!), au classicisme de La Belle Noiseuse, du dépouillement de La Religieuse au psychédélisme pop de Céline et Julie vont en bateau, son œuvre a connu les mues les plus extravagantes. Son unité, bien réelle pourtant, se manifeste en surface par une fidélité à ses actrices – Bulle Ogier, Juliet Berto, Jane Birkin, Géraldine Chaplin, Sandrine Bonnaire, Emmanuelle Béart, Jeanne Balibar... – et à ses scénaristes – Jean Gruault, Suzanne Schiffman, Pascal Bonitzer, Christine Laurent… De manière plus cachée, elle tient à une éthique de la mise en scène. En observant ses acteurs plus qu’en les dirigeant, en laissant filer les scènes sans couper, en évitant les gros plans – en refusant, en somme, de morceler l’espace, le temps, les corps – Jacques Rivette préservait le mystère du monde, et des êtres qu’il filmait. En résulte des films longs, parfois très longs, des intrigues cycliques, qu’il aimait à truffer de messages codés, de manipulations en tout genre, parfois à double détente, de conspirations, souvent sans objet, mais qui pouvaient « susciter une réalité »... Cette dialectique du vrai et du faux se traduit aussi dans le rapport au théâtre, qui occupe une place très importante dans son cinéma.


FILMOGRAPHIE









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